Les Sephora Kids, bientôt privés de leurs sérums anti-âge ?

La Gen Alpha a troqué les jouets contre des routines skincare ultra-complexes, nocives, chères et dangereuses. Une tendance inquiétante qui pousse la Californie à envisager l'interdiction de vente de soins anti-âge aux mineurs.

Écrit par Erine Viallard le

Quand les préados se mettent au rétinol, la Californie sort la lotion micellaire. C’est officiel, les enfants ne veulent plus ressembler à des enfants et pendant que certains collectionnent encore des squishy collants, d’autres investissent déjà dans des crèmes anti-âge , faisant bondir les dépenses en skincare de leurs parents de 23 %.

Mais pour les ricains, c'est un grand NON. Un projet de loi est en réflexion pour interdire la vente de ces soins aux mineurs et d'empêcher une génération entière de se décaper la peau avant même d’avoir des rides. Si elle est adoptée, les magasins devront faire des contrôle en caisse et demander la carte d'identité des clients (comme pour l'alcool). Un durcissement qui s’explique par la présence d’actifs puissants dans ces produits, qui, mal utilisés, peuvent être dangereux pour des peaux jeunes.

Mais est-ce que cette régulation suffira à freiner l’obsession de la Gen Alpha pour les routines skincare ultra-complexes ? Rien n'est moins sûr.

@jonathanjoly My daughter Edie loves skincare and we made a video recently where she went on a skincare shopping spree. So today we decided to share her collection with you. ##jonathanjoly##skincare##daughter♬ Happy , Sunshine & Ukulele - Balang_3go

Un budget skincare plus élevé qu’un adulte

C'est peut être l'info la plus WTF liée aux Sephora Kids : les ados accros à la skincare dépensent plus qu'un adulte en crème anti-âge. Les moins de 14 ans représentent 49 % des ventes de soins en pharmacie - oui, vous avez bien lu. Sauf que c'est loin d'être la meilleure idée du siècle. Les dermatologues sont formels : une préado qui s’achète des sérums Coenzyme Q10 a statistiquement plus de chances de cramer sa barrière cutanée qu’un adulte lambda. Évidemment, cette nouvelle obsession ne sort pas de nulle part... Et l'accusé principal n'est autre que TikTok (et les autres réseaux sociaux).

On est tous déjà tombé sur une vidéo un poil gênante d'une préado qui se prépare pour aller à l'école, ou pire, à l'église. Sur TikTok, ces gamines d’à peine 10 ans repartant du magasin les bras chargés de skincare hors de prix - et fêtent même parfois leur anniversaire chez Sephora.

S'il est facile de les critiquer et de pointer du doigt les parents, il est en revanche nécessaire de se demander ce qui motive ces petites filles à prendre soin de leur peau pour coller aux standards de beauté délirant des réseaux sociaux.

À force de voir des visages ultra-lisses, retouchés à coup de filtres, on ne sait plus à quoi ressemble une peau "normale". Certains ne savent même pas qu'il y a des pores sur la beau, c'est dire. Forcément, si une influenceuse de 22 ans, ultra suivie, affirme qu’elle a commencé le botox préventif à 18 ans, ses followers de 12 ans en déduisent qu’ils sont déjà en retard sur leur "anti-aging journey".

On est bien loin des tutos make-up ratés de la petite Lina, 5 ans, qui expérimentait les limites du maquillage de sa grande sœur.

Un cocktail explosif pour la peau des petites filles

Spoiler alert : la peau des enfants et des ados n’a pas besoin d’anti-âge. Pire, ces produits peuvent faire plus de mal que de bien. Rétinol, acides exfoliants,
AHA à haute concentration... Ces actifs, qui promettent une peau "glass skin", sont aussi des irritants potentiels. Au menu si mal utilisés : rougeurs, inflammations, brûlures, voire une poussée d’acné plus violente qu’avant. Alors ? Plus autant enjoué non ?

Et le pire dans tout ça, c'est que les parents se font aussi avoir.Le Dr Carol Cheng, dermatologue chez UCLA Health, le dit : "Des parents amènent leurs préados et ados en consultation pour des routines skincare, alors qu’elles n’ont aucun problème de peau – pas d’acné, pas d’eczéma, rien."Pour cause : "Ces préados sont influencés par ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux et entendent de leurs amis. L’information est accessible à tous, mais la désinformation aussi. C’est un flux écrasant et confus pour les jeunes, qui ne réalisent pas toujours que leurs influenceurs préférés cherchent simplement à vendre un produit sous couvert de tutoriel."

Un marketing bien ficelé donc... Alors rappel pour tous, les dermathologues sont unanimes, la peau d'un enfant - et en bonne santé - n'a besoin que de trois choses : un nettoyant doux (pour éliminer les impuretés), une crème hydratante (pour nourrir la peau) et un SPF (pour protéger des UV).

Tout le reste, même la crème Drunk Elephant, c'est à la poubelle avant 25 ans. Les enfants ont tout le temps de grandir et l'État de Californie compte bien le faire comprendre aux parents.