Les bars classiques c’est has been, faites votre prochain date dans un bar audiophile
Un bar où le son vaut autant que le cocktail, ça vous tente ? Ça s'appelle un "listening bar" ou bar audiophile, et on vous dit tout sur ces lieux dédiés aux amoureux de la musique.
Écrit par Erine Viallard le

On a trouvé l'endroit parfait pour tous les hétéroclites du son, les mélomanes pointilleux, et ceux qui pensent qu’un bon vinyle vaut mille playlists…
Les bars audiophiles sont en train de conquérir Paris - et bientôt vos oreilles. Oubliez les enceintes Bluetooth criardes des bars branchés, ici, chaque note est une caresse pour les tympans. Imaginez, une platine vinyle, des enceintes vintage de qualité hi-fi, une ambiance feutrée et un verre de vin bien choisi. Une expérience sensorielle où la musique n'est pas un bruit de fond, mais la véritable star.
L’idée ? Offrir aux amateurs de musique un espace dédié à l’écoute pure, dans un environnement où chaque détail sonore est sublimé. Aujourd’hui, ces temples du son se réinventent, et Paris en a fait une spécialité.
Décryptage d’un phénomène qui fait vibrer les amateurs de belles ondes.
@arifrancez favorite spot • listening bar
♬ Coffin Nails - MF DOOM
Une tradition japonaise revisitée
Apparus au Japon dans les années 1950, les jazz kissaten (cafés jazz) étaient de véritables refuges pour les passionnés de musique. Dans ces petits lieux feutrés, on s’installait devant un verre, en respectant un silence presque sacré, pour écouter des vinyles rares, inaccessibles pour la plupart des Japonais. Nés de l’amour du jazz, peu à peu, ces lieux se sont ouverts à d'autres genres musicaux et ont fini par dépasser les frontières japonaises, inspirant aujourd’hui une nouvelle génération de bars audiophiles à travers le monde.
C’est comme ça que, dans les années 2000, Londres et New York ont vu débarquer ces établissements où l’on déguste son verre autant avec les oreilles qu’avec le palais. Paris, toujours un peu en retard mais jamais bien loin, a suivi le mouvement. Freiné par la pandémie, l’essor des listening bars était en suspens. Mais en 2024, on peut enfin dire que la tendance s’est bien installée dans les habitudes des mélomanes français.
Pionnier du genre à Paris, Fréquence (11e) a ouvert en 2018, bien avant que la vague audiophile ne déferle sur la capitale. Depuis, une vingtaine d’adresses ont suivi, toutes animées par la même obsession : offrir une expérience sonore digne de ce nom, sans pour autant transformer le lieu en musée du vinyle.
"Pour nous, il fallait que l’établissement soit vivant et la musique entraînante", souligne Guillaume Quenza, codirigeant de Fréquence."Concernant l’audio, nous n’avons pas souhaité partir sur du matériel de diffusion originel, mais sur du moderne tout en travaillant d’arrache-pied avec des ingénieurs du son sur l’analyse acoustique, le choix des matériaux. Il s’agissait notamment d’empêcher la réverbération du son. Toutefois, il était important que le son ne soit pas le seul point d’attraction".
En bref, on remercie les Japonais, mais aussi les Français qui ont su remixer ce concept avec la décontraction parisienne qu'on aime tant.
Des temples du son
Loin des cafés d’écoute ultra-stricts où le moindre raclement de gorge peut valoir un regard assassin, les bars audiophiles parisiens ont trouvé un équilibre entre exigence sonore et convivialité. Ici, on vient apprécier la musique, mais aussi discuter et boire un verre.
Le secret ? Un matériel sonore de haute qualité qui permet une immersion totale sans avoir besoin de pousser le volume à fond - nos oreilles vont être ravies. Et pour que la magie opère, il faut des amplificateurs vintage, des enceintes - qui coûtent parfois le prix d’une voiture - et une sélection musicale aux petits oignons.
Les playlists sont souvent pensées comme un voyage sonore, et certains bars laissent même carte blanche à des DJ ou des collectionneurs de vinyles pour proposer des sets inédits.
Mais ce qui fait le succès de ces établissements, c’est aussi leur atmosphère. Pas question de tomber dans un élitisme musical ennuyeux : la sélection musicale est pointue mais accessible, oscillant entre jazz, funk, soul, électro minimaliste et musiques du monde. Bref c'est LE moyen par exellence de découvrir de nouveaux sons, genres et artistes.
Pourquoi cette fame soudaine ?
Ce succès pour les bars audiophiles s’explique. D'abord on ne va pas se le cacher, il y a un ras-le-bol des playlists formatées. Avec l’omniprésence des algorithmes et des playlists Spotify interchangeables, de plus en plus de gens cherchent à renouer avec une expérience d’écoute plus authentique. Finies les chansons qui s’enchaînent sans âme, ici, chaque morceau a une histoire.
Ensuite ce n'est pas un mythe, le vinyle est bel et bien de retour. Les ventes explosent et les amateurs de musique redécouvrent le plaisir d’un son chaleureux et organique. Les bars audiophiles surfent sur cette vague en proposant des sélections vinyles de qualité, jouées sur des platines dignes de ce nom. Et des boutiques full vinyles refont surfaces.
Enfin quel hétéroclite n'a jamais révé d'un lieu où l’on peut vraiment apprécier la musique ?Entre les bars bruyants où l’on crie pour se parler et les clubs où la musique est souvent une bouillie sonore, il y avait un vide à combler.
En bref on tient là un nouveau rapport à la convivialité, car on ne vient pas dans un bar audiophile seulement pour boire un verre, mais aussi pour partager une expérience musicale. À tous ceux qui partageaient un air pod avec leur pote pour écouter et échanger des sons entre eux, vous pouvez le faire à présent, dans de meilleures conditions. Et qui sait, vous allez même faire de merveilleuses rencontres entre passionnés de musique. Que du bonus quoi. Alors, la prochaine fois que vous cherchez un bar où passer une bonne soirée, pourquoi ne pas troquer le bruit des conversations criées contre la douceur d’un disque bien choisi ?