Roe vs Wade : En Géorgie, l’espoir des femmes américaines anéanti

Alors qu'un juge avait annulé l'interdiction de l'avortement après six semaines en Géorgie, la Cour Suprême de l'État l'interdit de nouveau.

Écrit par Camille Cortot le

En 2022, la Cour suprême des États-Unis annulait l'arrêt fédéral Roe vs Wade qui garantissait le droit d'avorter sur tout le territoire depuis 1973. Depuis, de nombreux États ont interdit ou restreint l’accès à l’IVG. 

Pour les femmes américaines, cela signifie des souffrances souvent insoutenables, en particulier lorsqu'elles sont confrontées à des fausses couches ou à des grossesses à risques. Certaines doivent se déplacer dans d’autres États, d’autres n’ont même pas cette option par manque de moyens.

Alors qu'un un juge avait rétabli le droit à l’IVG en Géorgie après 6 semaines de grossesse le 30 septembre, cette décision vient d'être suspendue par la Cour Suprême de cet État. Ce juge considérait que cette loi violait les droits fondamentaux des femmes et avait rallumé l'espoir des femmes américaines dans un contexte de campagne électorale entre deux candidats aux opinions bien différentes sur le sujet.

L'espoir de redonner"le pouvoir pour une femme de contrôler son propre corps" anéanti

En Géorgie, le juge Robert Mcburney avait décidé de restaurer l’autorisation de l’avortement jusqu’à la viabilité du fœtus, autour de 20 à 22 semaines, alors qu’il était interdit après 6 semaines. Cette décision avait été saluée par le Center For Reproductive Rights, mettant tout de même en garde, à juste titre, contre le possible revirement des autorités de l’État qui pourraient "choisir de la bloquer en rétablissant l’interdiction dans les prochains jours "

Considérant l’interdiction comme "arbitraire”, car à 6 semaines " beaucoup de femmes ignorent complètement être enceintes ou au mieux n’en sont pas sûres ", ce juge avait affirmé que la constitution de l’État de Géorgie allait de nouveau garantir “le pouvoir pour une femme de contrôler son propre corps". 

Malheureusement, les autorités républicaines de Géorgie ont fait appel de cette décision et la Cour suprême de l’État leur a donné raison ce lundi 7 octobre, jusqu’à ce qu’elle statue sur le fond.

L'IVG, un sujet majeur de la campagne éléctorale américaine

Cette décision intervient dans un contexte particulièrement tendu sur le sujet de l’avortement. Récemment, le média ProPublica a fait état du décès d'Amber Thurman, une jeune femme de 28 ans, dans un hôpital de Géorgie en août 2022, suite à un manque de soins causés par les lois restrictives sur l’IVG dans cet État. 

Suite à ça, Kamala Harris avait dénoncé les " lois obscures et immorales " adoptées dans une vingtaine d’États américains qui interdisent ou restreignent le droit à l’avortement. " C’est une crise sanitaire, et Donald Trump est l’architecte de cette crise ", a-t-elle lancé.

Le sujet de l’IVG est central dans la campagne électorale américaine. Kamala Harris en fait son cheval de bataille, tandis que Donald Trump multiplie les ambiguïtés de peur de perdre trop d'électeurs. Avec 62 % des Américains en faveur du droit à l’avortement, l’ancien président des États-Unis tente de ménager le chou et la chèvre entre son électorat ultra-conservateur et les plus modérés.

Mais malgré ses tentatives, les femmes savent bien qu’il n’est pas un défenseur des droits reproductifs et encore moins en compagnie de J.D. Vance, son potentiel futur vice-président. Homme politique aux idées très conservatrices, il ne s'est jamais privé de tenir des propos inquiétants sur le droit des femmes visant à restreindre leur liberté.

L'espoir pour le droit des femmes américaines s'effondre

Cette décision du juge avait fait l'effet d'une réelle une victoire pour les femmes vivant en Géorgie, qui doivent faire face à de terribles difficultés en raison des lois restrictives sur l’IVG.

Le décès d’Amber Thurman en Géorgie a provoqué une prise de conscience sur l’enfer que subissent des femmes dans des États ayant interdit l’avortementAu Texas, plusieurs femmes ont été forcées de garder leur fœtus alors que la fausse couche était inévitable. Dans un documentaire réalisé par France 5 intitulé Avortement aux États-Unis, la grande fracture l’une d’entre elles témoigne de l’enfer qu’elle a vécu avant de pouvoir recevoir des soins de la part d'un médecin, forcée d’attendre d'être “assez malade” pour pouvoir avoir une IVG.

Dans ce contexte, ce revirement est une vraie défaite pour les femmes vivant en Géorgie, mais aussi pour celles dans les États américains ayant interdit ou restreint le droit à l'IVG. L'espoir qu'avait apporté ce juge a été anéanti, appliquant de nouveau l'interdiction de l'avortement au delà de 6 semaines dans cet État.

Tags :

Avortement|Droit des femmes|IVG
Camille Cortot

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