Rencontre avec Paul Brunson, expert des relations, pour parler d’amour et du futur du dating

Si vous aviez l'occasion de rencontrer un expert des relations amoureuses, quelles sont les questions que vous lui poseriez ? Nous avons eu l'opportunité de rencontrer Paul Brunson, le "Matchmaker" le plus célèbre d'outre-Manche pour parler d'amour (mais pas que) avec lui.

Écrit par Juliette Gour le

Si vous ne connaissez pas Paul Brunson, c'est le moment ou jamais d'y remédier. Outre-Manche, ce dandy moderne est une véritable star, aussi connu sous le nom du "matchmaker" (le faiseur de match en français). Paul est plus ou moins l'expert ultime des relations amoureuses. Oprah (Winfrey) dit même qu'il est bien plus qu'un "matchmaker" et elle a sûrement raison. Au fil de ses expériences, Paul Brunson s'est construit une vision globale sur ce que le monde est aujourd'hui, pas seulement en ce qui concerne l'amour, mais aussi au sujet des relations que nous entretenons les uns avec les autres. 

Plus qu'un doctor Love, Paul Brunson est un sociologue, un entrepreneur et un éternel optimiste. Grâce à son expertise et sa notoriété, il travaille aujourd'hui en étroite collaboration avec Tinder comme expert des relations. Un expert de taille donc, pour une application qui a révolutionné notre façon de dater il y a maintenant 10 ans.

Rencontre avec le spécialiste des relations amoureuses pour parler d'amour avec un grand A, des sentiments et de ce que le dating est devenu ces 10 dernières années. 

Enjoy, 

Les Éclaireuses 

Le paradoxe de l'amour : les Français sont-ils réellement romantiques ?

Sans trop s'en rendre compte, il se trouve que nous Français, vivons dans un paradoxe assez particulier qui pourrait expliquer pourquoi nous ne connaissons pas (ou peu) Paul Brunson ou que nous n'avons pas une culture du dating aussi creusée que nos voisins américains. Si le monde entier considère la France - et Paris - comme l'endroit le plus romantique au monde, peu de Français s'accorderont à dire que leurs compatriotes sont exemplaires en matière d'amour.

Est-ce qu'en France, nous accordons réellement le temps nécessaire à nos émotions et nos sentiments ?

Il semblerait que non au vu de la relation que nous entretenons avec le romantisme dans l'hexagone. Et si le romantisme n'est pas mort, il s'est mué dans une forme plus discrète, moins explosive que nos amis d'Amérique ou d'Asie de l'Est (qui restent les grands champions en matière de culture du romantisme). 

"Je pense que la raison de cette perte de cette culture du romantisme chez les Français - mais pas que - vient nécessairement du fait que nous ne prenons pas réellement le temps de parler de nos relations et de nos émotions." nous éclaire Paul.

"Pourquoi est-ce qu'on étudie la géométrie à l'école, alors qu'on ne s'en sert presque jamais au quotidien ? Il vaudrait mieux nous donner des cours sur les émotions et les relations humaines, ce serait plus utile." Le paradoxe serait donc là, nous ne savons pas (plus ?) nous connecter aux autres et ce serait la source de la majorité de nos problèmes. Plus qu'un problème sociétal, il semblerait que la question de la génération soit aussi de la partie dans la question de la compréhension des émotions et le point de rupture se situe au moment du passage à l'an 2000.

Là où les millénials semblent complètement perdus, les kids de la génération Z semblent, quant à eux, beaucoup plus en phase avec cette vaste question des relations. "Ce que j'aime avec la génération Z, c'est qu'ils sont très ouverts à l'idée de parler de leurs émotions, surtout les (jeunes) hommes qui sont de plus en plus enclins à parler de leurs émotions sans retenue". Pour l'expert, il suffirait donc de se pencher avec un peu plus d'attention sur ce que l'on est capable de ressentir pour rééquilibrer les choses et faire renaître le romantisme avec un grand R dans nos relations.

Une culture du dating avec une double dynamique

Lorsque l'on se penche sur les profils des applications de rencontre ou sur les habitudes des utilisateurs des applications de rencontre, on se rend rapidement compte qu'il y a une double dynamique. Il semblerait qu'il y ait une vraie différence entre l'utilisation que les femmes et les hommes ont des applications de rencontre et cela serait essentiellement lié à un comportement particulièrement intégré chez les femmes.

Pour Paul, la différence de dynamique est directement liée à ce que l'on appelle le "feedback loop" ou "la boucle de retour" en Français. C'est un concept qui suggère que les retours que l'on a de la part de nos proches ou de nos copines lorsque l'on discute de nos habitudes (de dating mais pas que) nous permettent de nous améliorer sur un sujet. Sauf que ce genre de comportement est particulièrement intégré dans les habitudes des femmes mais beaucoup moins dans les habitudes relationnelles des hommes. Ces derniers (sauf s'ils ont la chance d'avoir des femmes dans leur cercle proche) sont moins enclins au partage et à l'apprentissage par le biais des retours. Cette absence quasi systémique de feedback (et donc de retours sur la situation) serait la raison de cette double dynamique dans la culture du dating et expliquerait pourquoi en 2023, de plus en plus d'hommes se sentiraient "désavantagés" face aux standards des femmes : ces derniers sont encore et toujours dans une sauvegarde bloquante, sans se donner les moyens d'évoluer et d'aller vers une culture du dating plus en phase avec la société.

La solution pour Paul Bruson, c'est d'encourager les hommes et les femmes à plus de discussion, à plus de partage entre les hommes et les femmes sur les bonnes pratique (et les mauvaises). L'idée n'est donc pas tant de continuer à creuser le fossé entre les genres, mais bien de le faire disparaître et la solution semble résider dans les applications de rencontre comme Tinder, car ce sont elles qui permettent aux gens de se connecter entre eux instantanément.

Les applications de rencontre sont un moyen de lutter contre la solitude épidémique 

Si finalement le secret de l'avenir du dating résidait réellement dans les applications de rencontre ? S'il est aujourd'hui difficile d'imaginer à quoi pourrait bien ressembler le dating dans 10, 20 ou 50 ans - tant les habitudes évoluent rapidement - il est également impossible de nier que Tinder (et les autres) ont mis un grand coup de pied dans la fourmilière il y a une dizaine d'années. Nous avons littéralement changé notre façon de consommer les rencontres et cela est directement lié au fait que les applications nous ont permis d'effacer les frontières qu'il peut y avoir entre les gens. Ces frontières, elles peuvent être géographiques mais également sociales. La plus grande force de Tinder, c'est indéniablement de permettre à des gens qui ne se seraient jamais croisés dans la vraie vie d'entrer en interaction et c'est le secret de la réussite.

Pour Paul, la bonne façon d'utiliser les applications de rencontres, c'est de faire sauter tous les filtres ou presque. "Ne vous limitez pas à une zone géographie ou à une tranche d'âge, plus vous vous ouvrirez aux rencontres originales, plus vous aurez l'occasion de rencontrer une personne inattendue".

C'est peut-être finalement ça, l'avenir du dating : s'ouvrir à toutes les possibilités, sans frontières ni idées préconçues, pour partager un bout de chemin avec une personne, quel que soit son genre, sa localisation ou sa classe sociale. 

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