Le ‘Boy Sober’, un mouvement de plus en plus populaire chez les femmes blasées du dating
On a toutes cette copine qui a décidé de faire une croix sur les hommes. Sachez qu'elle est loin d'être un cas isolé et que de plus en plus de femmes, lassées des mecs, font le choix du célibat. On vous raconte.
Écrit par Juliette Gour le
Sommes-nous en train de vivre un paradoxe ultime ? Peut-être bien. Depuis l'avènement de Tinder il y a une dizaine d'années, "dater" n'a jamais été aussi simple. C'est presque plus rapide de se faire livrer un plan cul que des sushis. Mais on le sait, il y a toujours un revers à la médaille (aussi belle soit-elle). Après un âge d'or des applications de rencontre, il semblerait que de plus en plus d'utilisateurs soient blasés de ces rencontres sans lendemain. Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de femmes partagent leur frustration : elles sont épuisées de devoir courir après des hommes qui ne veulent pas s'engager et en ont marre de se faire ghoster du jour au lendemain.
De cette lassitude est né un mouvement : celui du "Boy Sober". Observée depuis quelque temps sur TikTok, cette tendance invite les femmes à se réconcilier avec le célibat. Exit l'image de la vieille fille, seule et moche, avec deux ou trois chats. Aujourd'hui la célibataire s'assume et mieux, elle aime cette solitude qui lui permet de s'accorder du temps.
C'est à même se demander si l'on n’est pas en train de vivre - en direct - l'un des plus gros mouvements d'émancipation des femmes. Plus qu'une tendance, le 'Boy Sober' est presque un cri du cœur, une affirmation du célibat comme quelque chose de positif, en réponse directe à la pression qui pèse sur les épaules des femmes dès qu'elles sont en âge de se laisser passer la bague au doigt.
4B movement, Boy Sober, abstinence sexuelle... De nombreux mouvements qui ont tous la même source
En quelques mois, on a vu de nombreux mouvements naître sur les réseaux sociaux et ils semblent tous avoir le même élément déclencheur : les hommes. Selon l'Urban Dictionnary, le fait d'être "Boy Sober", c'est "ne pas parler à un homme, ne pas parler des hommes ni même les dater". Idem pour le mouvement 4B, né en Corée du Sud, pays où la misogynie a encore la peau dure, qui repose sur le fait de totalement occulter les hommes de sa vie : pas de mariage, pas de dating, pas de sexe et pas d'enfants. Une vie entre femmes donc, sans s'encombrer d'un homme qui pourrait devenir une entrave à l'ambition ou au bien-être.
Ce qui est drôle, c'est que dans tous ces mouvements et sous mouvements, la question de l'abstinence sexuelle (ou le refus d'avoir des rapports avec des hommes) semble centrale. C'est peut-être la faute au Womanizer qui a rendu les hommes obsolètes, mais aussi un besoin que ressentent de plus en plus de femmes de se couper des hommes pour guérir certaines blessures. De Julia Fox en passant par Sophie Fontanelle, de nombreuses personnalités publiques prennent de plus en plus la parole sur la question de l'abstinence consentie. Le réarmement démographique devra donc attendre, car de plus en plus de femmes font ce choix pour se reconnecter avec elles-mêmes, avec leur corps et leur féminité.
Il paraît évidemment facile de blâmer les hommes pour ça. Les témoignages de femmes qui se sont senties "comme une poupée gonflable", ou qui sont tombées face à des hommes qui semblaient avoir appris à faire l'amour en regardant du porno ne manquent pas. Cette lassitude globale des femmes englobe tous ces petits aspects du dating qui, mis bout à bout, traduisent une réelle différence de maturité émotionnelle entre les hommes et les femmes. Bien sûr, il n'est pas question de dire que les femmes sont parfaites et que les hommes sont les méchants de l'histoire. Il y a du bon et du mauvais dans les deux camps, mais si l'on se fie aux chiffres, selon le dernier rapport sur les violences sexuelles du gouvernement, 85% des victimes de viol sont des femmes et 96% des personnes mises en cause sont des hommes.
Les femmes sont donc quasi systématiquement les victimes des hommes et malheureusement, ce sont souvent des hommes de leur entourage (80% selon une étude datant de 2016). Cette omniprésence de la violence envers les femmes, couplée à des comportements border dans le dating a entraîné la création d'un climat de méfiance qui rend les interactions plus difficiles.
Il n'y a plus de honte à être célibataire
On peut se demander si tous ces mouvements ne sont pas indirectement liés à l'évolution de notre relation avec le célibat. Toujours sur TikTok, les vidéos qui en listent les bénéfices ne manquent pas : pas de charge mentale, pas de charge esthétique, pas besoin de materner un homme... Les célibataires d'aujourd'hui ne vivent plus leur situation comme une punition, bien en contraire.
En parallèle, on voit se développer de nouvelles formes de lien entre les femmes et les hommes. Selon l'application de rencontre Bumble, 47% des utilisateurs entre 18 et 24 ans seraient plus à la recherche d'amitiés platoniques que d'histoires sans lendemain. Le sexe sans sentiments ne semble pas réellement séduire les nouvelles générations, qui préfèrent le soft dating ou le romantisme Bridgerton like.
Pour ceux en manque de présence humaine, le plan dodo semble être la réponse parfaite. Le principe est assez simple, on se trouve un partenaire de dodo, pour faire des câlins (en tout bien tout honneur) ou dormir bras dessus, bras dessous, sans jamais passer à l'étape "sexe". Plus que du romantisme, il semblerait que de plus en plus de monde soit aujourd'hui à la recherche de tendresse.
Ainsi, les femmes attendent entre elles, tout en s'accordant des dizaines de Me Time. Parfois, quand le hasard fait bien les choses, elles finissent par croiser sur leur chemin la personne qui coche toutes les cases. Parce qu'au-delà même d'accepter leur célibat, ce sont également des femmes qui ont fait le choix de ne plus revoir leurs critères à la baisse. "Ce n'est pas moi qui suis trop, ce sont les autres qui ne sont pas assez" nous disait Rose, 29 ans, célibataire depuis toujours.
On a longtemps poussé les femmes à faire profil bas et à ne pas faire de vagues. Le mouvement de libération des femmes qui, depuis les années 60-70, transforme petit à petit les comportements féminins y est peut-être pour beaucoup dans ce rejet des hommes ou bien est-ce que c'est parce que le sexe est souvent déceptif pour les femmes... Quelle que soit la cause, le résultat est le même : les femmes préfèrent être seules que mal accompagner.
Rester seule pour se détacher des vieilles habitudes ?
Le fait de rester "Boy sober" peut aussi avoir de réels bénéfices pour comprendre ce que l'on attend d'une relation. Toujours sur les réseaux sociaux, les témoignages de femmes sur les bénéfices d'un célibat volontaire ne manquent pas. Souvent, on tombe sur le même type de partenaire (frileux à s'engager, aimant jouer sur plusieurs tableaux ou manquant de maturité émotionnelle) parce que l'on a jamais réellement pris le temps de définir clairement quelles étaient les attentes que l'on avait dans une relation. Si l'idée n'est pas tellement de faire une liste à cocher (c'est de l'amour pas un entretien d'embauche), il faut cependant avoir une vague idée de ce que l'on recherche chez l'autre. Gentil, drôle, passionné par les LEGO, un talent naturel pour la danse, un humour similaire au nôtre... Il n'y a pas de limite dans la liste de ses envies.
Le "Boy Sobering" peut donc être une étape transitoire, pour se remettre d'une histoire difficile ou simplement définir réellement ce qu'on attend d'un partenaire potentiel. Il peut également être une décision permanente si l'on ne se sent pas à l'aise avec les hommes. Ce qui est bien, c'est qu'il n'y a plus de règles et que les femmes sont aujourd'hui libres de choisir la direction de leur vie. Il n'y a évidemment pas de mauvais modèle : la célibataire ne vaut pas moins que la mère de famille et inversement. L'essentiel est d'être dans une situation qui nous convient et qui correspond à nos idéaux, en solo, en duo, en trio, en relation libre... Parce que, finalement, c'est ça le principe même de la libération des femmes.