Avec le #BoucheOuverte, les femmes prennent la parole pour répondre à la misogynie

Le #BoucheOuverte, venu du Québec, lutte contre la sexualisation et la dévalorisation des femmes. Ce mouvement féministe rassemble des centaines de posts, pour que les femmes reprennent le contrôle de leur image.

Écrit par Erine Viallard le

#BoucheOuverte, ça ne vous dit rien ? Ce récent mouvement, qui a infiltré Instagram à vitesse grand V, apparaît comme un moyen supplémentaire de lutter contre la misogynie - et il nous vient tout droit du Québec. Des années après le #MeToo, les femmes subissent encore des attaques misogynes qui visent à les décrédibiliser. Le nouveau hashtagmobilise aujourd'hui des centaines d’entre elles contre ce sexisme totalement gratuit.

On le sait, pour dévaloriser la parole d’une femme dans l’espace public, ou pour la faire taire, la gent masculine n’hésite pas à l’humilier et à la rabaisse au rang d’objet sexuel. Les femmes n’ont donc aucun répit, quand il s'agit de misogynie... 

Pour réellement saisir la portée de ce nouveau hashtag, il est essentiel de se pencher sur l’origine de ce phénomène. Sur X, le physique de l’autrice et réalisatrice Léa Clermont-Dion a été l’objet de vives critiques. Les commentaires haineux et sexistes y foisonnent, un énième constat affligeant. Ces remarques sexualisantes visaient à discréditer ses prises de parole. En réponse, une vague d'indignation a envahi les réseaux sociaux avec le #BoucheOuverte. Ces attaques s'expliquent en partie par l'inconfort qu'éprouvaient certains hommes face à une femme ayant gagné un procès pour agression sexuelle, et qui continue à militer publiquement sur le Net.

Le #BoucheOuverte : un mouvement qui fait parler de lui 

Poser en photo la bouche ouverte serait une "invitation" sexuelle ? Alors qu’elle fait la promotion de son livre "Salut, ça va ?" - qui aborde des sujets actuels tels que le consentement, la masculinité toxique et la culture du viol - l'autrice a été la cible de commentaires sexistes, à cause d'un portrait d'elle la bouche ouverte - rien que ça.

C'est un internaute, en postant ce portrait, qui la qualifie de "parasite médiatique" et qui écrit : "Au programme : duckface validation des écervelés et mâle = mal". Une publication qui a su réveiller le « génie » - it's a joke - de l’artiste Stéphane Venne, octogénaire et élu à la ville de Montréal, qui s’est empressé de mettre son grain de sel - plus que salé. "Depuis que le monde est monde, cette pose (cou incliné de côté ou vers l’arrière, bouche ouverte) est un code sexuel hyperconnu tant des hommes que des femmes, et tant dans la vraie vie qu’en art, c’est une sorte d’invite", écrit-il.  

Les propos de Stéphane Venne s’inscrivent dans la lignée des préjugés, affirmant qu'une femme à la bouche légèrement entrouverte est une forme « d’invitation ». C’est justement ces stéréotypes sexistes, que des féministes combattent coûte que coûte pour espérer enfin souffler un jour. Mais ce commentaire prouve que le chemin reste malheureusement encore très long...

La sororité : la clé de cette lutte ?

Continuer de sexualiser encore le corps des femmes pour les rabaisser : voici une technique masculine que l’on ne supporte plus. C'est pour cela que Laurie Dupont, cheffe de contenu chez ELLE Québec, a créé un mouvement de soutien avec le #BoucheOuverte sur Instagram. Le but ? Se photographier la bouche ouverte sur les réseaux avec le hashtag, afin de s'unir contre ces attaques misogynes. Une idée qui aujourd’hui à trouvé plusieurs centaines d’adeptes.

Une Française l'a aussi rejoint, la journaliste Chloé Thibaud. Dans la newsletter du média féministe Simone, elle décrypte ce girl power et publie également un post d'elle la bouche ouverte. "Je fais précisément la même chose : sur ma photo Instagram, mon cou est incliné vers la droite et on aperçoit mes incisives, ce qui - oh ! - ne m’empêche pas d’être une journaliste sérieuse", écrit-elle.

Elle relaye et réagit également à des propos haineux d’utilisateurs, qui écrivent entre autres :"Cette charogne a fait sa fortune à chier sur les hommes. Belle ordure !" ou que sa bouche entrouverte est "un méga trou inutile". Sa réaction : "Nous sommes en 2024 et parce qu’une femme a la bouche ouverte et la tête penchée sur une photo, elle est réduite à néant. Car c’est bien cela, n’est-ce pas, “un méga trou inutile ?".

En bref, avec ce #BoucheOuverte nous sommes restées bouche bée face à cette misogynie gratuite. Heureusement, la réaction collective des femmes a rapidement pris forme, illustrant la force de ce mouvement. Comme quoi on peut utiliser le mot-clé de cette attaque pour crier au "Je m'en foutisme".

Tags :

#metoo|Droit des femmes|Sexisme
Erine Viallard

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