Affaire P.Diddy : plus de 120 accusations et un #MeToo qui fait grand bruit

Alors que les violences sexuelles sous soumission chimique sont au cœur de l’actualité avec l’affaire Mazan, une autre tempête judiciaire éclate de l'autre côté de l'Atlantique, bouleversant le monde de la musique. L’arrestation du rappeur et producteur américain P.Diddy marque un nouveau chapitre dans l’histoire des violences sexuelles au sein des industries du divertissement.

Deux semaines après son incarcération à New York, le bilan est accablant : le 3 octobre, 120 nouvelles victimes se sont manifestées, certaines mineures au moment des faits, dénonçant des agressions perpétrées sous l’effet de drogues lors de soirées privées. Ce scandale, rappelant les affaires Weinstein et le mouvement MeToo, pourrait bien ébranler des figures emblématiques telles que Jay-Z, Beyoncé et même le prince Harry, dont les liens avec P. Diddy jettent une ombre sur leur réputation. Une affaire qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui pourrait bien redéfinir les contours du pouvoir et de l’impunité dans l’industrie musicale américaine.

En plus des 120 nouvelles victimes qui se sont manifestées, les équipes juridiques continuent de traiter "plus de 100 autres cas", a expliqué Andrew Van Arsdale, l’un des avocats des plaignantes. Ces témoignages, résultant de la création d’une ligne d’écoute mise en place après l’arrestation de P. Diddy, continuent d'affluer. En tout, plus de 3 285 personnes ont contacté cette hotline, se déclarant victimes ou témoins d'agressions commises par le milliardaire.

Tout a commencé par une plainte déposée en novembre 2023 par la chanteuse Cassie, ex-compagne de P.Diddy, qu’elle accusait de viol et de violences physiques. Des images choquantes avaient circulé sur Internet, montrant des scènes les terribles subies par la chanteuse. 

Bien que cette plainte ait été retirée suite à un règlement à l’amiable, elle a ouvert la voie à une vague de témoignages. Depuis, d’autres victimes ont dénoncé l’artiste, dépeignant un homme manipulateur, utilisant son pouvoir et ses soirées pour droguer, abuser et violer.

P. Diddy, âgé de 54 ans, est aujourd’hui incarcéré à New York dans l’attente de son procès, mais continue de nier en bloc toutes ces accusations. Pourtant, les témoignages s’accumulent : une victime présumée, qui a participé à une audition pour son label Bad Boy Records, a révélé qu’elle avait été droguée avant d’être abusée sexuellement par le rappeur et plusieurs autres personnes. Un garçon de neuf ans aurait lui aussi été agressé lors de son audition au sein du label.

Les accusations continuent de tomber, et six nouvelles plaintes ont été deposées ce lundi 14 octobre à l'encontre du rappeur américain."Nous prévoyons de déposer de nombreuses autres plaintes dans les semaines qui viennent contre M. Combs et d'autres mis en cause ", a prévenu lundi dans un communiqué l’avocat Tony Buzbee.

L'une des victimes présumées avait 16 ans au moment des faits et l'accuse de lui avoir touché les parties génitales en 1998 près de New-York, lors d'une soirée organisée par P.Diddy. Le magnat de la musique lui aurait dit qu'il fallait accepter ce genre de comportement pour " pour percer dans l'industrie ". Les plaignants, composés de deux hommes et quatre femmes l'accusent de violences sexuelles sur une période allant de 1995 à 2001.

Le scandale ne s’arrête pas à P.Diddy. Des rumeurs entourent d’autres célébrités, et parmi elles, Jay-Z et Beyoncé. Le couple star emblématique réputé proche du rappeur, se trouve désormais dans une position inconfortable. Leur présence fréquente lors des fêtes organisées par Combs - souvent marquées par la consommation de drogues et des abus sexuels - les met dans la ligne de mire.

Selon un rapport d’un expert publié par The Mirror, il est fort probable que Jay-Z et Beyoncé fassent l’objet d’une enquête approfondie. Si aucune accusation directe n’a été formulée à leur encontre pour l’instant, le silence qu’ils entretiennent autour de cette affaire et leur proximité avec P. Diddy pourraient jouer contre eux.

L’impact sur leur popularité est déjà palpable, avec une perte de millions d’abonnés sur les comptes Instagram des deux célébrités. Le rappeur 50 Cent, connu pour ses attaques verbales contre Jay-Z, n’a pas tardé à s’en prendre à lui sur les réseaux sociaux, insinuant que l’artiste pourrait être le prochain à tomber. Il a même publié un montage humoristique représentant Jay-Z sur un avis de recherche, légendé : " Quelqu’un a vu Jay ? LOL. Puff nous dit que le ninja ne répond plus au téléphone. "

Autre personnalité citée dans cette affaire : le prince Harry. Bien qu’aucune accusation d’abus ne pèse sur lui, son nom figure dans les documents judiciaires déposés par les avocats de P. Diddy. Page 73, il est mentionné que le rappeur avait accès à des célébrités, dont des dignitaires internationaux comme le duc de Sussex. Cette mention fait écho à leur rencontre en 2007, lors d’un concert en hommage à la princesse Diana.

Cependant, aucune preuve ne laisse entendre que Harry soit impliqué dans les crimes commis par Combs. L’affaire souligne néanmoins les connexions du producteur avec de nombreuses figures influentes, un réseau qui semble s’effondrer peu à peu sous le poids des révélations.

L’affaire P. Diddy pourrait bien être le point de départ d’un MeToo de l’industrie musicale, et ses conséquences sont déjà importantes. Les victimes continuent de se manifester, et selon l’avocat Andrew Van Arsdale, les équipes travaillent encore sur plus de 100 autres cas potentiels. L’implication d’autres célébrités pourrait rendre cette affaire encore plus explosive, et les semaines à venir promettent de révéler de nouveaux noms.

Ce scandale met une fois de plus en lumière les abus de pouvoir dans les cercles fermés de l’industrie musicale, où drogues, alcool et violences sexuelles sont souvent passés sous silence. Il s’agit désormais de briser ce silence et d’obtenir justice pour les victimes.

Retrouvez plus d’articles dans notre rubrique Musique