Ces femmes (badass) qui ont refusé la reconstruction mammaire
Après une mastectomie, certaines femmes choisissent de ne pas subir de reconstruction mammaire. Ces « amazones » modernes affirment leur force à travers leurs cicatrices, revendiquant le droit de se réapproprier leur corps, tel qu'il est.
Écrit par Camille Cortot le
Après un cancer du sein et une mastectomie, certaines femmes choisissent de ne pas se soumettre à une reconstruction mammaire. Ces “amazones modernes " refusent la chirurgie et il n'est pas que question de préférence esthétique ou de peur de l’intervention chirurgicale. C'est aussi un acte de résilience dans un monde où le féminin est souvent synonyme de poitrine : ces femmes réinventent la féminité à leur manière.
Elles ne considèrent pas leur corps sans reconstruction comme un manque mais plutôt comme un chapitre important de leur vie, un symbole de leur combat. C’est un processus qui implique d’accepter non seulement ce qui a été perdu, mais aussi ce qui a été gagné : une nouvelle vision de soi, une redéfinition de la féminité. Ces femmes nous rappellent que la beauté ne se limite pas à des normes superficielles, mais qu'elle peut également se traduire par la force d’accepter son corps tel qu’il est, avec ses cicatrices et ses histoires. On décrypte ensemble ce phénomène qui bouscule les standards et redéfinit le rapport à la féminité.
Faire le deuil
Le processus qui mène au refus de la reconstruction est bien plus complexe que la peur de l'opération. Bien que plusieurs femmes n'aient pas envie de subir d'autres interventions, les causes d'un refus pour une reconstruction sont multiples. C'est aussi une question de deuil, celui du corps tel qu’il était avant le cancer, mais aussi d’une nouvelle forme d'acceptation de soi.
Aurore, 52 ans, qui partage son expérience sur Instagram via le compte @amazone_et_alors, a choisi de ne pas se reconstruire après une double mastectomie." Je me sens très bien comme ça, avec mon buste 'aérodynamique'. Un sein refait ne sera jamais mon sein, et ça n'effacera jamais mon cancer “, dit-elle. Pour elle, ce n’est pas un manque mais une forme d’achèvement, de guérison.
Floriane, s’est confiée au magazine Marie-Claire, en expliquant que cette absence fait partie de son histoire, de son parcours. “ Ce creux, c'est moi, c’est le témoin de mon combat “.Ce genre de discours résonne de plus en plus, surtout dans une époque post #MeToo où les femmes revendiquent leur droit à décider de leur corps. Laurence Berg, psychologue en oncologie, observe une tendance croissante chez les patientes à revendiquer ce choix comme un acte de reprise de pouvoir sur leur corps, après des traitements très invasifs.
Le choix, c'est le pouvoir
@inkredible_foundation Double mastectomy tattoo ❤️ #mastectomytattoo#breastcancer♬ original sound - The INKREDIBLE Foundation
En matière de reconstruction mammaire, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise décision. Certaines voient la reconstruction comme une étape nécessaire pour refermer la blessure. D'autres préfèrent sublimer leurs cicatrices avec des tatouages, des symboles de leur survie. Le plus important ? Faire ce choix sans se plier aux attentes sociales ou à la pression médicale.
Il est vrai que la reconstruction mammaire se démocratise, mais ce n'est ni accessible ni souhaité partout. Certaines femmes veulent prendre le temps afin de réfléchir, s’informer et recueillir plusieurs avis. Et c’est ce temps qui leur permet de dire "non " et de revendiquer leur corps tel qu’il est.
Des amazones modernes
S’approprier son corps après une mastectomie, c’est un peu comme revendiquer une part de féminité qui échappe aux normes établies. Le mythe des Amazones, ces guerrières qui se coupaient un sein pour mieux tirer à l'arc, est souvent cité à tort. En réalité, cette légende a été inventée par un historien grec au Ve siècle avant J.-C., qui cherchait une explication à un mot étranger, “amazone “, qu’il croyait pouvoir traduire par " sans sein ". Cette interprétation erronée a persisté dans l’imaginaire collectif pendant des siècles, mais cette figure de la guerrière autonome, indépendante et sans compromis continue d’inspirer.
Ces amazones modernes nous rappellent que la féminité ne se réduit pas à un simple symbole corporel. Certaines femmes choisissent de porter une prothèse, d'autres non. Peu importe. Ce qui compte, c’est le pouvoir de décision, ce droit incontestable de dire "mon corps, mes choix". Comme le dit si bien Aurore : "Mes seins sont dans ma tête pour toujours." Une déclaration puissante qui prouve que la féminité dépasse largement les règles imposées par la société.
Repenser la féminité?
Ce que ces femmes nous apprennent, c’est que la féminité est en pleine mutation. Là où les publicités et les médias veulent nous faire croire qu’une femme sans poitrine est incomplète, ces "amazones" prouvent le contraire. Elles réinventent les règles, et plus elles sont nombreuses à le faire, moins la société pourra ignorer cette réalité : la beauté et la force ne se trouvent pas que dans la reconstruction d’un sein, mais principalement dans la reconstruction de soi-même.